vendredi 3 février 2012



                

J'avais envie de partager avec vous ma vision de Cuba. Quinze jours en Novembre à parcourir l'Ouest et le centre de l'île. Vous trouverez, dans ce blog, mes impressions personnelles et des informations touristiques, géographiques et historiques. J'ai indiqué, en tête de chaque jour, le lieu où nous avons passé la nuit. Les photographies sont la propriété de l'auteur. Merci de n'en faire aucune copie sans mon autorisation. Bon voyage et bienvenue aux commentaires! 

 
Mardi 15 Novembre

Hôtel Inglaterra- N°416 c/ San Rafael y San Miguel, Ciudad de la Havana, Cuba/ Tel : 860 8595 (réservé sur novela cuba) 2 nuits 139 euros, chambre numéro 227

Après dix heures de vol, nous mettons les pieds sur le sol cubain. Mission numéro un : récupérer les valises ; entre le premier tapis où elles arrivent, le second où elles défilent aussi ; et les quelques trois ou quatre tas faits ici et là par les employés de l’aéroport. Mission numéro deux : changer le liquide en CUC, la monnaie réservée aux touristes. Au rez de chaussée dans le grand hall, au choix : une file bondée au bureau de change de droite, et personne à celui de gauche. Il faut parfois ouvrir l’œil et mettre de côté, pour quelques instants, son instinct grégaire. Inutile de faire le tri entre taxis clandestins et officiels, on l’a apparemment fait pour vous! Bien loin des voitures multicolores sans âge que l’on voit sur toutes les cartes postales de la Havane, ces taxis sont quasi identiques et sans cachet. On prend toutefois plaisir à écouter la musique émanant du poste radio, dont le son rappelle les grandes ondes d’antan. Un avant gout couleur locale qui fait presque oublier le mutisme de notre chauffeur, malgré mes efforts pour communiquer en espagnol. Compter environs vingt-cinq CUC pour rejoindre la Havana vieja.

Les valises extirpées du coffre et posées au sol, les CUC passés de main en main, nous franchissons enfin les portes de notre hôtel. Grand palace au style mauresque et à l’intérieur colonial, l’Inglaterra est situé sur le Parque central. Bien loin du désenchantement des guides qui le décrivent comme un lieu terne, nous découvrons avec surprise un hôtel accueillant, un peu désuet mais tellement charmant. Notre clef ouvre une porte donnant sur une chambre spacieuse qui prend des airs de suite, avec non moins de trois lits, deux doubles et un simple, une salle de bains (où l’eau chaude ne coule pas à flot voir pas du tout, mais c’est courant à Cuba), et une table ronde entourée de trois rockingchairs. Un intérieur sombre mais charmant, et en sus, atout non négligeable ici, la clim!


 Le décalage horaire dans les jambes, nous décidons de nous coucher tôt pour profiter du lendemain. Un rapide passage dans les rues voisines, peu arpentées et mal éclairées. Nous terminons à peine notre marche, que déjà un homme se propose de nous guider, ayant un ami en France et ne modérant pas ses louanges sur notre pays. Ce sera le premier d’une longue liste.



Mercredi 16 Novembre

Hôtel Inglaterra- N°416 c/ San Rafael y San Miguel, Ciudad de la Havana, Cuba/ Tel : 860 8595 (réservé sur novela cuba) 2 nuits 139 euros, chambre numéro 227


www.andreaaubert.fr- contact@andreaaubert.fr

Petit déjeuner à l’hôtel dans la vaste salle des repas. Ce qui frappe en premier, est le charme désuet des lieux. Un décorum magnifique, des plafonds hauts, des tables élégantes, et des serveurs assortis au décor suranné. On s’active autour des touristes. En short et tongs, la tête encore froissée par l’oreiller, les arrivants font des allées et venues au buffet. Ce soir, pour quelques CUC, un pianiste violoniste à l’air désabusé jouera sur commande des airs romantiques ou « alegre » au choix. Une grande mascarade à touristes dans ce hall immense empreint d’histoire, qui malgré tous ces efforts, semble désespérément vide. On vient ici chercher le temps qui s’est arrêté. Le marbre à outrance, les dorures exagérées, les vitraux surchargés, les lustres imposants, témoignent d’une richesse passée, nostalgie d’un temps où Cuba devait vivre autrement.



 Cuba le paradoxe. Cuba où tout est possible! scandent les slogans, et Cuba où les libertés fondamentales sont encore brimées. Le Che et Fidel sont partout. Sur les T-shirts, sur les murs, dans les livres, dans les rues, les intérieurs des maisons, sur les façades des immeubles, sur les peaux et dans les cœurs. Hasta la vistoria siempre! Et pourtant quand on discute, à voix basse, entre deux rhums et deux cigares, on raconte que le pays est tenu par une main de fer. On dit que Raoul ne changera rien, que ce qui semble être mieux ne le sera probablement pas. Alors on attend, on espère, on prie. Comme dans les pays longtemps dominés par le communisme, l’esprit d’initiative a tant été brimé qu’il ne peut plus enfanter d’idée. On te dit « à Cuba pas de délinquance », entendre "pas de vol envers les touristes" (ou peu) car on risque gros : jusqu’à vingt ans d’emprisonnement. Alors on ruse. On vous aborde avec gentillesse. On a tous un ami, une sœur en France, à Paris, Lyon, ou pour beaucoup Toulouse. On est guide ou professeur. On vous emmène dans un bar faire une photo souvenir, vous propose un paseo dans la vieille ville, un logement ailleurs dans le pays… et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, un compagnon de route s’est greffé à vous. On joue de la musique, s’habille en costume des années vingt, tire sur de gros cigares. Clic clac. 1 CUC la photo. Ils ont des bébés à nourrir, une enfant malade, des médicaments introuvables à acheter. Scénarios et mascarades se multiplient pour tenter d’extirper au touriste une poignée de CUC, avant de disparaitre au coin d’une ruelle, comme ils étaient apparus.
            
Ce matin là, nous partons à la découverte de la Havana Vieja. Cuba… un décor de cinéma entre décrépitude et beauté éclatante.  Un florilège de transports s’offre à nous: taxis, coco-taxi, guagua, vélos bici… Tous hèlent le couple fraichement arrivé dans l’hôtel. On préfèrera cependant marcher pour explorer les facettes de la vieille ville. Passage par la plaza de la Catedral; puis direction le Malecon. « Élément d’ordre dans une ville anarchique » (écrivait Dimitri Friedman) qui s’étend sur sept kilomètres jusqu’à la plaza de Armas. Les embruns ont grignoté le béton, habillant les façades en technicolor. La mer explose sur le parapet éclaboussant les piétons. On chante, on mange, on dort, on flâne, on court, on se baigne, on vend des colliers, on pêche, on joue un air de salsa et nous, on se retrouve avec des maracas dans les mains. Clic-clac. 1 CUC. En longeant la mer, on se laisse fasciner par l’incessant ballet des grosses voitures américaines, vestige des années d’opulence au style strass et paillettes. Des immeubles à perte de vue, une route étonnamment rectiligne, et pas de passage piéton. On finit quand même par traverser avec prudence, quittant le Centro Havana pour se jeter dans la Havana Vieja. 







Direction « Callejon de Hamel » quartier de Salvador Gonzales Escalona, peintre muraliste, un monument ici. Entre deux pages de guide, et deux coups d’œil furtifs, un homme nous aborde. «  Buscas al Callejon de Hamel ? » « Si »  « Ah !!!!! Salvador … (on s’en doutait) Es amigo mio »  Pour quelques CUC, il nous offre néanmoins une superbe visite du quartier digne d’un guide officiel. On gagne le droit de s’asseoir sur la silla del deseo, qui, dit-on, exaucera nos vœux. Entièrement financé par l’artiste, ce quartier vit aujourd’hui grâce à sa renommée. Ventes d’œuvres, collectif d’artistes, visites de la maison de Salvador, de son atelier, et le plus beau spectacle, une expo géante à ciel ouvert qui s’approprie murs et objets. Festival de couleurs et d’originalité, mélange de styles inspiré de Dali, Miro et Picasso, puisant dans la culture afro-cubaine santeria l’artiste projette sur ces murs un univers pour le moins étonnant. Bric-à-brac d’objets et d’offrandes de toutes sortes et tailles. Proche de l’atelier, un puits fermé par une grille. On se penche, et dans ce qui serait l’équivalent de quelques cinquante centimètres de circonférence, des tortues barbotent dans de l’eau destinée à nettoyer les intérieurs des maisons pour porter la buena suerte.




Une grande marche jusqu’à la plaza de la Revolucion. Immensité goudronnée autrefois théâtre de discours de masse, qui aujourd’hui ressemblerait à la place rouge sans la basilique Basile le Bienheureux. Un monument puissant (avec panorama) érigé vers le ciel au sommet cerné de vautours, deux portraits immenses du Che et de Cienfuegos, des taxis, des bus, des cocos taxis, des bicis... et la policia qui siffle quand on s’asseoit sur le trottoir, allez savoir pourquoi. Nous optons pour le coco-taxi. Assez économique, original et pratique : on apprécie de pouvoir photographier depuis le siège sans être gêné par les reflets, et si l’on a encore une main de disponible on a même le droit de fumer cheveux au vent.



 

Six CUC pour rejoindre la calle Obispo, véritable matrice touristique de la havane. On y retrouve les voyageurs faisant escale à l’hôtel, et tous ceux qui ne sont pas dans les autres rues ! On se bouscule, on piétine, on sort l’appareil pour les spectacles de rue (clic-clac 1 CUC), on « profite » d’une des seules rues à boutiques de toute la Havane. Sortis du flot, l’embouchure nous jette sur une place mignonnette et plus calme, réservée à la patience des collectionneurs et aux yeux des curieux. Livres anciens, appareils photos, pièces d'horlogeries et de monnaie, photographies argentiques, timbres, trophées de guerre, pistolets et autres obus. La calle rejoint le parquet central, autre point névralgique de la ville. On y trouve le Capitolio, des hôtels coloniaux, et des vieux palaces dont l’Inglaterra. Le capitole est une réplique de celui de Washington. Au sol, un diamant (une copie, le vrai est ailleurs), marque le kilomètre zéro de toutes les routes du pays. Nous pourrons admirer sa coupole qui culmine à plus de quatre vingt dix mètres, et sa statue imposante, troisième au monde en terme de taille, haute de 17 mètres et pesant 9 tonnes! En revanche l'accès à la réputée salle des pas perdus nous est interdit pour rénovation.

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 De retour à l’Inglaterra, le personnel de chambre a déposé sur notre lit un cadeau inattendu. Les serviettes de toilettes on pris la forme d’un éléphant, et les bouchons des gels douches se sont mués en deux yeux dorés. Nous regardons cet éléphant avec douceur. Qu’on l’aime ou non, il résume parfaitement le caractère cubain : créativité avec les moyens du bord. Nous repartons pour le barrio Chino, témoin des quelques trente mille chinois dupés, qui arrivèrent au XIXème   siècle pour la construction du nouveau chemin de fer, et furent exploités comme des esclaves.  Nous faisons demi-tour, happés par la vieille Havane. Un vrai- faux guide nous introduit au  Dos Hermanos , bar au comptoir en bois patiné, qui accueillait autrefois les marins en mal d’amour. 



 Et tres Mojitos !! Clic clac. Une photo. Ce guide, pourtant pourvu d'un badge paraissant officiel, devait nous remettre un pli pour sa mère restée en France. Finalement, il a tenté de nous vendre cigares de contrebande et vieux livres, essuyant de son mouchoir blanc les grosses gouttes de sueur qui lui perlaient sur le front. Inutile de préciser que nous n’avons jamais eu le pli pour sa mère et qu’il est reparti sans payer l’un des mojitos les plus chers de Cuba. Quand nous rentrons, le visage de la Calle Obispo a changé, calme et éclairée elle est presque paisible. 

Une bonne sieste à l’hôtel. Langouste et mojitos aux Ruinas del Parque au son de la musica Cubana. J’aime ce Cuba où on ne chasse pas les animaux. Ni le petit chat tigré aux yeux amande qui déambule sur la terrasse, ni la chienne qui a mis bas dans les plantes, et à laquelle serveurs et musiciens dispensent au passage, caresses et nourriture. Une nuit de plus à L’Inglaterra. On mettra, si cela nous gêne, les boules Quiès pour masquer le ronflement de la clim.




Jeudi 17 Novembre

Villa Leonila, calle franck Pais N° 52 A Puerto Esperanza, Vinales, Pinard el Rio, Cuba CP 24280 Tel 048 79 39 49 2 chambres possibles

Location de voiture:  Novela Cuba- Modele Hyundai Atos catégorie éco, obtenu une Kia Rio pour le même tarif- 465 euros du 17 novembre au 1 décembre


Tout prend du temps ici. Déballer et refaire les valises. Changer des devises. Retirer la voiture de location à l’hôtel Parque Central, rendre la chambre à l’Inglaterra, et payer en sus 2 CUC pour la caja de securidad, ainsi que la bière et le Fanta prélevés dans le mini bar. Départ. Sur les explications du loueur de voitures, on se retrouve au Sud au lieu du Nord! La plupart des cubains, n’ayant pas les moyens de se déplacer, connait fort mal la géographie de son île. Nous traversons ainsi  des paysages splendides aux palmiers verdoyants et à la terre rouge. San Antonio de los Banos, Guira de Melena, Artemisa, Candelaria. A San Cristobal, nous changerons des CUC en pesos cubains pour manger une pizza locale (10 pesos cubains/ pièce). Bahia Honda, Puerto Esperanza. Une longue route de six heures partagée avec tous les autostoppeurs que nous prenons. 

Nous chargeons pêle-mêle, hommes et femmes, enfants, sacs de riz, sacs à dos, étudiants, professeurs, infirmière, paysans, fumeurs et non fumeurs. Chacun veut savoir « Et la France comment c’est ? ». Le premier qui descend hèle un suivant, à peine le pied posé au sol. Nous comprenons rapidement que la couleur rouge de notre plaque d’immatriculation est comme un feu vert pour eux. Rouge veut dire touriste. Qui dit voyageur, dit possibilité de se déplacer loin et en sus gratuitement. 





Parler espagnol est un véritable atout. On peut avoir des conversations plus approfondies, mais l’on comprend aussi parfois des choses que l’on aurait aimé éviter. En témoigne cette histoire: la dernière femme montée en autostop est accompagnée d’une fillette de deux ans. Elle nous propose un endroit ou dormir. Loin de me douter de ce qui va suivre, j’accepte la proposition. Elle oriente ensuite la conversation sur l'anniversaire de sa fille, et la mort du père de la petite. L’enfant se tourne alors vers sa mère, des larmes dans les yeux. « Ou est papa ? », demande-t-elle en espagnol. La mère me regarde, observe sa fille et , extrêmement vite dans sa langue lui dit « ne t’inquiètes pas il est au travail, il va t’apporter des bonbons », avant de se tourner vers moi, et reprendre en hachant ses mots « esta muer-to ». Comme si je n’étais pas capable de saisir ce qu’elle venait de dire! Arrivant à la maison qu’elle nous désigne comme celle de sa tante, comprenant que tout est prétexte à nous sous-tirer de l’argent, nous l’expédions hors de la voiture, non sans avoir fait auparavant demi-tour, et quelques kilomètres en sens inverse malgré ses virulentes menaces.

De retour à l'adresse indiquée, qui n’est autre qu’une casa particulare inscrite dans le guide (chambre d’hôte), la propriétaire est ravie de nous voir arriver sans rabatteur. Elle nous montre ses deux coquettes chambres. En guise d’histoire de bienvenue, Léonila nous explique la terrible loi des jineteros. Lorsqu’un individu provenant de la rue lui amène un touriste, Léonila doit verser cinquante pour cent de qu’elle gagne sans protester. Bien souvent, les touristes viennent seuls mais les délinquants repèrent leur proie et s’arrangent pour arriver simultanément. Elle versera ensuite dix pour cent de ses gains l’état, détaillant le moindre aliment consommé par les voyageurs. On lui retirera encore dix pour cent sur le chiffre annuel. Ceci exclue évidemment la taxe de deux cent CUC demandée à toute personne souhaitant accueillir des touristes. A titre indicatif, à Puerto Esperanza, le salaire moyen est de trente CUC /mois. 





Durant deux jours, Léonila et sa sœur vont être pareilles à des mères cocoonant leurs enfants. Elles s’inquiètent de notre sommeil, vérifient que nous ne manquions de rien. Elles lavent nos habits, nous trouvent un guide pour une promenade, nous concoctent des repas succulents : langouste ou poulet créole pour 5 CUC/ personne. Petit déjeuner pantagruélique pour 2.5 CUC/ personne. Nous découvrons le manioc frit, un fruit blanc à la chair laiteuse, les chips de malanga. Rétrospectivement, cette adresse est notre coup de cœur à Cuba, peu onéreuse et tellement généreuse.




Le soir de notre arrivée, nous partons marcher dans le tout petit village de Puerto Esperanza, jusqu’à la mer et puis jusqu’au bout du ponton. Là, nous rencontrons Ruben, cinquante ans, la peau marquée par les attaques quotidiennes de sel. Ici, les pêcheurs n’ont pas tous leur bateau. En deux heures, moyennant un lever à cinq heure du matin, il atteint son lieu de prédilection pour la pêche aux oursins et la chasse sous marine; avec le bateau d'un autre. Certains d’entre eux sont capables de descendre l’équivalent de la hauteur d’un grand palmier sous l’eau, en apnée. Il nous abandonne quelques instants et fait irruption à nouveau. Il veut nous montrer les oursins « fleur », ceux dont le dessin est inscrit naturellement sur l’os, si beau et si fin qu’on le croirait habilement gravé par l’homme. Nous programmons un rendez vous pour le lendemain, même heure, afin de lui acheter quelques oursins. Nous apprécions ce mode d’échange différent de la Havane, où le contact se résumait à tendre la main sans retour, ou tendre un piège pour extorquer notre argent. Ruben n’est pas insistant. Il est seul. Et il n’est pas pressé.


A la Casa Léonila, une langouste nous attend. Luis, son fils, nous propose une balade à cheval dans la vallée. Nous saisissons cette belle opportunité, abandonnant l’idée d’un tour à Cayo Levisa. Rendez vous fixé à 8h30 le lendemain, pour trois heures de promenade.  Luis a remplacé son père, devenu, avec le temps, trop fatigué pour cavaler. Suite aux subventions que Léonila a perçues après le passage du cyclone en 2003, elle a décidé  d’installer sa casa dans la rue principale. Son mari, canne en main, non sans un sourire, explique qu’il souhaitait continuer à vivre dans leur ancienne maison. Ce différent vaut aujourd’hui qu’ils habitent à quelques rues l’un de l’autre, lui dans l’ancienne demeure, et elle à la casa pour s’occuper de ses chers touristes. Comme elle le dit si bien « aqui, soy el hombre y la mujer ». Une nuit bruyante mais on apprécie le confort de la moustiquaire car ces petits insectes abondent.



 Vendredi 18 Novembre

Nuit : Villa Leonila, calle franck Pais N° 52 A Puerto Esperanza, Vinales, Pinard el Rio, Cuba CP 24280 Tel 048 79 39 49 / 2 chambres possibles

Au terme d’un excellent petit déjeuner composé de café, de miel de Cuba, de banane, goyave, oranges, jus de mangue et omelette; Léonila nous somme de la suivre. La balade à cheval s’initie à l’extérieur de la ville, interdiction d’emmener des touristes en balade sans l’officialisation du rôle de guide oblige. Les chevaux appartiennent à un ami de Luis, qui, rênes en mains, nous attend au coin d’une ruelle. Sur la route, il s’avère être un excellent accompagnateur. Nous parlons chevaux, culture, nature et politique. Cinq heures de balade alors que nous n’en avions prévu que trois, mais qu’importe ! La moitié de la recette ira pour le propriétaire des équidés et le reste, Luis le destine à sa fille, atteinte d’un polype nasal. Nous apprenons que les cactus sont destinés à protéger les champs, tout comme nos clôtures, mais que les chèvres les dévorent. Les cabanes destinées au séchage du tabac sont aujourd’hui en taule, et ne préservent plus aussi bien les feuilles que les toits de palme. Les chevaux sont marqués (y compris les chevaux sauvages). A l’instar d’une carte d’identité, ces chiffres désignent le propriétaire, la région, la ville, etc…




Taillant la route à la machette, notre guide nous abreuve d’histoires. Parmi tant d’autres, celle du cheval monté par Laurent, el aventurero (l'aventurier),  nommé ainsi car sa mère, expatriée du Canada, mit bas à bord du bateau qui la ramenait vers Cuba. Arrêt dans un champs de tabac. Changement de selle, dont l’étrier fixé en hauteur m’oblige à chevaucher en amazone, le métal flanqué dans la malléole.  Nous croisons vautours, vaches et cochons sauvages. Autre arrêt dans « la montagne du Che » qui, dit-on, se rendait là pour avoir l’un des meilleurs points de vue stratégiques sur la mer. L’avion de la poste survole un décor splendide, l’occasion pour Luis de nous apprendre que le largage du courrier est effectué sans atterrissage! A voix basse, les anecdotes légères laissent place aux conversations plus denses : la centralisation communiste, le gaspillage des ressources  dû au comptage qui oblige à dénombrer les œufs à cent cinquante kilomètres de là ou ils sont produits, avant de revenir à leur point de départ. La terre est presque rouge, la végétation luxuriante.




 Sous le premier mirador, une drôle de forêt de goyaviers s'étend à raz de sol. Son histoire : les vaches sont emmenées en pâturages sous des goyaviers, et sont ramenées ici. Lorsqu'elles font leurs besoins, des noyaux entrent en contact avec le sol... et que poussent les arbres fruitiers! Après le second mirador, nous faisons une escale « gazolina » pour les chevaux, qui se font une joie d’étancher leur soif dans la mare où le ciel est tombé.




 De retour à Puerto Esperanza, vision incongrue d’un crocodile, accompagné d'une tortue de terre, enfermé dans une cage à peine plus grande que lui. Mascotte ou animal de « compagnie », j’ai de la peine pour cet animal. Rapide passage devant une toute petite fabrique de cigares. Nous n’entrerons pas. Des étendues de riz sèchent sur le goudron. Les hommes, au matin, s’affairent pour les étaler, et en fin de journée, les remette dans de grands sacs afin d’éviter les vols nocturnes. Le lendemain, ils recommencent. Passage à la maison de Luis. Nous apprenons que les subventions versées après le passage de l’ouragan, en 2003, ont été bénéfiques pour nombre d’entre eux, leur permettant d’acheter matériel et ressources. Un jour de 2003, un homme qui avait détruit sa maison pour se la faire rembourser, a vu sa chance tourner à cause de sa fille. En bas âge, elle aurait dit ne plus avoir de toit car papa l’avait cassé. Comme l’explique doucement Luis, ici ninos no mentiran (les enfants ne mentent pas), et au delà de ça, leur parole est prise très au sérieux par les autorités. Après enquête, il fut en effet prouvé que l’homme avait démoli volontairement les murs porteurs de son habitation. Il ne bénéficia d’aucune aide à la reconstruction.


 
 
Sans manger, nous partons en direction de Cayo Jutias. Nous manquons de faire demi-tour devant la barrière et les 5 CUC exorbitants qui nous sont réclamés pour l’accès au paradis. Il est 16h00. La nuit va tomber.  Nous réglons à contre cœur, et partons en quête de l’Eden. Après de nombreux virages, la plage apparaît. Petit paradis pauvre surmonté d’un snack bar, ou personne ne vient prendre votre commande. En revanche, à peine arrivés on vous réclame une somme pour le parking, et une autre pour le transat sur lequel vous posez juste vos fesses. Rappelons qu’il n’y a personne, et qu’il fait maintenant presque nuit. C’en est trop. Nous partons loin sur la plage. Loin avec le petit bernard-l'hermite qui gravit chaque caillou comme des montagnes, et les oiseaux qui jouent avec les vagues. Nous ne verrons pas les quatre kilomètres de plage magnifique à découvrir, il se fait tard. Quelques photos les pieds dans l’eau et nous revenons chargés de trois autostoppeurs. 


Après un bon poulet créole préparé par Léonila et sa sœur, on se couche, dévorés que nous sommes par les moustiques de la veille et les mouches de sable du jour.



Samedi 19 Novembre

2 nuits pour 2 personnes : réservées sur Novela Cuba (104 euros). Hotel Villa maria la Gorda, Guanahacabibes- Tel 77-81-31 



Quelques clichés de la rue ou les enfants viennent, sourire suspendu aux lèvres, acheter une glace chez le marchand, qui n’est autre que le voisin assis sur une chaise placée derrière les grilles de son jardin. Des images aussi chez le coiffeur, à la boutique hors du temps, qui coupe les cheveux de Laurent. Un cadeau à Léonila and Co que nous quittons à regrets pour rejoindre d’autres horizons. 

Trois heures de route pour Maria la Gorda. Devant le complexe, la barrière se soulève, comme par magie, sans aucun CUC. Surprise à notre arrivée : au lieu d’une chambre double réservée sur internet, on nous présente une cabane au fin fond du complexe avec trois lits simples et des travaux de vernissage à l’odeur étouffante tout autour. L’homme qui porte nos bagages, tout sourire, me met en contact avec la réception depuis le bungalow. D’une voix sèche la personne m’explique que "c’est ainsi car tout est complet". Rappelons que nous sommes en Novembre (basse saison) et que nous avons pu voir par nous-mêmes, en traversant le lieu, que la moitié des bungalows est vide. Une grosse colère nous envahit. Il nous faudra verser 5 CUC en sus par nuit pour le lit double, mais nous aurons un cabanon sur la plage. La chambre est spacieuse, le lit confortable, la climatisation est aussi indispensable que son bruit est intense. Notre colère ne tient, en réalité, pas uniquement au détail de la cabane. Sur la route qui nous a menés depuis Puerto Esperanza jusqu’à la pointe de la péninsule, plus de la moitié des autostoppeurs a essayé d’une manière ou d’une autre, de façon plus ou moins honnête, de nous extirper de l’argent. Envie de crier « Nous ne sommes pas des CUC machines, nous sommes justes des touristes ». Mais comment expliquer à quelqu’un qui ne peut pas se déplacer dans son propre pays, qu’une personne venant de l'étranger n’est pas forcément riche ?? Le buffet du soir est de qualité médiocre. A notre grande joie, nous partageons la terrasse avec plus de chats et de chiens que nous n’en avons vu à Venise. Ici, personne ne les chasse. Le lieu est paisible. Sur la plage, en photographiant les étoiles, on se demande où est passée la lune. Les communistes l’auraient ils jalousement gardée pour eux? me demande Laurent. Coucher de soleil magnifique sur une mer d’huile, décor de rêve animé par les chauves souris venant manger les insectes près des bungalows. On raconte qu’ici, fut prisonnière une femme, déposée par les pirates sur cette île. Elle n’avait pas d’occupation, alors elle se mit à manger. Elle avala tant et tant de choses qu’au retour de ses geôliers, elle était devenue énorme. D’où le nom que porte aujourd’hui ce paradis « Maria la Grosse », beaucoup moins séduisant si on le traduit.





Dimanche 20 Novembre

2 nuits pour 2 personnes : réservées sur Novela Cuba (104 euros). Hotel Villa maria la Gorda, Guanahacabibes- Tel 77-81-31 

Plongée 35 CUC / Personne

Farniente et snorkelling sur le site. Attention aux chutes de cocos qui peuvent faire très mal. Ici les transats appartiennent à la première personne qui pose sa serviette dessus. Aussi stupide que cela puisse paraître, en se levant à huit heure pour petit déjeuner, si on dépose ses effets personnels sur la chaise, elle nous appartient pour la journée. Je l’apprends à mes dépends. Je me fais littéralement éjecter d’une chaise par un couple en colère. Je suis assise sur « leur » transat. Comment expliquer à de tels idiots la notion de partage ? J’en reste bouche bée. Une fois de plus nous nous exilons tout au bout de la plage. Nous  sommes privilégiés, tout comme eux, mais cette mentalité nous blesse autant qu’elle nous surprend. Nous réservons une plongée pour le lendemain, le site en permet une quarantaine tous niveaux confondus. 





Lundi 21 Novembre

1 nuit supplémentaire pour 2 personnes réservée sur place- Hotel Villa maria la Gorda, Guanahacabibes- Tel 77-81-31 


Onze heures. Après un petit déjeuner entourés de félins, départ en bateau pour à peine cinq minutes de navigation. En palanquée de six, nous pénétrons une eau turquoise et vivifiante. Le paysage marin qui s’offre à nous est saisissant : récifs coralliens magnifiques, gorgones, anémones, éponges, poissons tropicaux aux couleurs acidulées dont les fascinantes rascasses volantes, méduses translucides avec lesquelles nous jouons presque, tombant merveilleux et cavité mystérieuse. Une excursion à vingt mètres de fond au cours de laquelle nous avons le plaisir de rencontrer Stéphane et Astrid, amoureux de plongée et plongeurs aguerris. 


En fin de journée, nous tentons une excursion dans la péninsule de Guanahacabibes, efficacement vêtus de la tête aux pieds malgré la chaleur, pour éviter les moustiques. Arrêt photo imparable le long des quatorze kilomètres de côté rocailleuse, caressée par une eau turquoise, qui nous sépare de la maison des guides. Un accompagnateur est obligatoire pour pénétrer la « jungle ». Il fait trop chaud. On nous conseille de revenir le lendemain matin.  Troisième coucher de soleil depuis la terrasse de Stéphane et Astrid, pina colada et rhum citron pour chacun. On aura juste apporté sa chaise pour pouvoir déguster un cigare au miel, en profitant des éclaboussantes notes orangées et violettes de ce coucher de soleil à couper le souffle. Au restaurant de l’entrée, nous attendrons une heure trente pour déguster des crevettes fades. 

 
Mardi 22 Novembre

Hotel los Jazmines, sur la route de Pinar del Rio, reserva@vinales.hor.tur.cu, 79-62-05 et 10- chambre double 85 CUC avec petit déjeuner inclus

Promenade dans la péninsule de Gunahacabibes: 6 CUC / Personne pour une heure trente avec Abel Sosa, excellent guide.

Rendez vous dans la matinée pour une promenade dans la péninsule de Guanahacabibes. Au programme : lézards endémiques, oiseaux dissimulés qui apparaissent aux sons mimétiques du guide, grenouille cachée dans un tronc d’arbre, ver bleu recroquevillé sous une souche, vache sauvage en arrêt au détour d’un sentier. Découverte de la végétation, bois tropicaux et autres curiosités au cœur d’une forêt dense.


Retour à l’hôtel. Snorkelling sous les bateaux de plongée et autour de la digue. A notre grande surprise, nous voyons plus de poissons que nous en avons observé en plongée. Une peur maîtrisée à la vue d’un barracuda immobile au milieu de cet aquarium tropical.


Nous reprenons la route en direction de Las Terrazas. Au vu de l’heure, nous décidons de faire escale à l’endroit où nous sommes : Vinales, au point de vue de l’hôtel « Los Jazmines ». Les étonnantes mogotes nous ravissent au coucher du soleil.  La légende raconte que ces monticules seraient les piliers d’une grotte effondrée après l’éternuement d’un dinosaure. Repas avec vue imprenable sur ce paysage lunaire. Accueil excellent et chambre avec balcon.





Mercredi 23 Novembre

Casa Magali : Mario Lopez, Playa Larga, Cienaga de Zapata, Matanza, Cuba- chino.zapata@gamil.com
Tel (045) 98 7480/ Nuit pour 2 personnes, repas du soir + petit dejeuner 45 CUC

Réveil à 6h30. Nous voulons voir les mogotes dans la brume. Quel fabuleux spectacle! Le petit déjeuner est copieux et savoureux. Tournage, au rez de chaussée, d’une émission touristique avec en arrière plan le paysage… Un plongeon dans la piscine encore fraiche. Quelques photos de l’hôtel. Nous reprenons la route : paysage typique du sud, les orangers et bougainvilliers nous font fête, les plans de tabac sèchent encore dans des cabanes aux toits de palmes et les bœufs tirent des charrettes dans les champs.


Arrêt à Las Terrazas. Des piscines naturelles se sont formées ici, creusées par les rapides du Rio San Juan. Lieu de détente, de rencontre et de pique nique pour touristes et cubains. On se baigne, on rit, on grignote, on photographie, on lit. L’entrée coûte 14 CUC et inclut le repas du midi au restaurant perdu dans la végétation luxuriante. Oiseaux et reflets dans l’eau font le bonheur des photographes.
 
Nous reprenons l’autoroute vers la Havane. En arrivant au Sud Ouest de la capitale, ne vous faites pas avoir comme de nombreux touristes, nous y compris! Des autostoppeurs attendent à la sortie, sous prétexte de vous aider à vous repérer. Il est vrai que la capitale est très peu fournie en panneaux de signalisation. Après pas mal de détours, imperceptibles si l’on ne connaît pas la ville, et un passage devant une école où les autostoppeurs prétendent travailler, vous arrivez effectivement à bon port, à l’autre bout de la ville en direction de l’autoroute qui mène à l’Est. Cependant, on vous réclame maintenant l’argent nécessaire à payer le taxi qui les ramènera en ville, à l’école indiquée à l'aller. En réalité, ils repartent avec une autre voiture de touristes à la sortie initiale, qu'ils berneront aussi, non sans avoir volé cigarettes, tapis de sol de la voiture, rafraîchissements, sacs ou téléphone. Ne prenez pas d’autostoppeurs sur l’autoroute aux abords de la Havane. Il nous faudra monter le ton et payer, pour que les deux hommes descendent de la voiture. A cause de cet énième incident, nous décidons de ne plus prendre de voyageurs.

Nous arrivons de nuit à Playa Larga, grande plage située dans la baie des cochons. Pas facile de s’y repérer. La lumière se fait rare et les rues ne portent pas de nom. Par hasard, nous retrouvons Stéphane et Astrid à la casa d' Ameris et Felix. Elle affiche complet. Nous atterrissons donc chez la voisine. Magali est douce. Max, son mari, travaille dans un hôtel proche. Leurs mojitos sont excellents, surtout lorsqu’ils sont dégustés dans leur joli jardin fruitier. Nous tombons de sommeil après avoir dégusté, pour la première fois, du crocodile.


Jeudi 24 Novembre

NUIT : Lisy y Amirkal, Simon Bolivar 262, e / franck Pais y Jose Marti, S.S.Cuba.C.p.62600 TRINIDAD Tel 53 (01-41)994322- Movil : 01-53561908 mail : amilcare722@yahoo.es


Petit déjeuner sur la terrasse. Omelette, pain, miel, fruits exotiques, et café bien serré. Max va travailler. Magali nous salue. Nous partons pour la plage. A dix minutes à pieds à peine, se trouve le centre de plongée. Le chemin qui mène à la mer est jonché d’abeilles vertes. Une grande peur avant d’apprendre qu’elles ne piquent pas. Nous nous baignons, de l’eau cristalline jusqu’au ventre, malgré nos efforts pour trouver un peu plus de fond. Playa larga est l’un des hauts lieux de plongée de Cuba. L’endroit est si réputé, que, depuis la veille, tout le monde nous propose en insistant lourdement de plonger ici. On part depuis la plage, sans même prendre un bateau et le tombant est superbe.


Sollicités de toutes parts, nous décidons de rester seuls pour être au calme. La plage est vide. De l’hôtel voisin, nous parvient une heure durant, une même musique en boucle. Une jeune fille à chapeau lit assise sur sa serviette. Un couple fait des photos égocentriques. Un homme propose de nous échanger deux gros coquillages contre nos palmes.



Nous partons pour Playa Giron, symbole national. Sur la route, peu de possibilités pour voir la mer, mais arrêtez vous dès que vous en avez l’occasion! La végétation touffue cache de superbes panoramas. Nous trouvons Playa Giron désertique, tranquillité étonnante quand on pense qu’il s’est déroulé ici l’un des épisodes les plus violents de la guerre froide. Un hôtel peu engageant à la piscine vide possède une plage avec vue sur une digue en béton. Demi-tour. Le musée se trouve derrière l’avion utilisé par l’armée cubaine pour se défendre, en 1961, lors de l’offensive de la baie des cochons. On y trouve monuments commémoratifs, photos légendées en anglais et en espagnol, vêtements d’époque, bribes d’une histoire douloureuse encore récente. 

Faire de la poussière avec une voiture c’est comme sauter dans les flaques. On se salit. Mais c’est tellement drôle. L’habitacle est si poussiéreux qu’on est obligés d’ouvrir les fenêtres pour respirer correctement. Plus de trente kilomètres après, nous gagnons la route qui mène à Cienfuegos. Superbe. Nous croisons des paysans au travail, ravis d’être pris en photo. Des kilomètres de riz sèchent, étendus sur le goudron. 







Arrivée à Trinidad au soleil couchant. Comme indiqué dans le guide, la rue menant au centre ville est barrée. Nous prétextons un retour à une casa louée rue José Marti (la rue des chambres d'hôte). « Numero ? », me demande le policier. « 333 ». Il nous laisse passer. A peine dans la rue, nous trouvons où loger. La première que nous visitons est complète,  mais comme de coutume, on vous emmène chez la voisine. Lyzie nous accueille chaleureusement avec sa maman Esperanza, dans une casa coloniale typique de Trinidad. Petite, la maison possède une terrasse aux couleurs pétillantes, pourvue d’une table en fer forgé et de deux rockingchair qui attendent le chaland, entourés de cactus et de plantes grasses. Dans chaque pièce, un monticule de napperons, bibelots, et photos de famille où le petit fils trône en roi. Notre voiture restera parquée chez la voisine, pour 2 CUC (économique et plus sûr).








Rapide balade dans Trinidad avant le repas. Nous cheminons jusqu’à la Plaza Mayor et pénétrons les petites boutiques des artistes, où règne en maître l’art naif local. On y voit, répétées à l’infini, les maisons aux couleurs criardes de Trinidad,  la tour et l’église qui semblent se mouvoir aux sons de la salsa cubana. Repas pantagruélique, une fois de plus. Rhum et jus d’orange pressée en apéritif, crevettes, beignets de banane, salades, et en dessert : confiture et fromage. Une découverte ! Pas le courage d’aller danser la salsa dont les rythmes endiablés nous parviennent pourtant au travers des murs. Une nuit calme et réparatrice. 






Vendredi 25 Novembre


NUIT : Lisy y Amirkal, Simon Bolivar 262, e / franck Pais y Jose Marti, S.S.Cuba.C.p.62600 TRINIDAD Tel 53 (01-41)994322- Movil : 01-53561908 mail : amilcare722@yahoo.es

Nous ouvrons l’œil, réveillés par les effusions de voix du jeune fils de Lyzie. Ici, comme partout à Cuba, on écoute la télévision très fort. Café, chocolat, fruits, pain, et le délicieux miel de Cuba au petit déjeuner. Balade dans Trinidad et passage au petit marché artisanal. Moins de rabatteurs que la veille au soir, mais on nous arrête de toutes parts pour demander argent, vêtements, savons, lait pour bébé. Triste réalité entretenue par chaque touriste qui donne, sans réfléchir, des kilos de savon à ceux qui en manquent, sans suggérer un quelconque échange. Trinidad possède un charme fou. Nous décidons de rester une nuit de plus chez Lyzie. 



Après un rapide passage dans la cour voisine pour reprendre notre voiture, nous partons à Playa Ancon. Nous passons une journée farniente sur les transats de l’hôtel (moyennant 2 CUC/jour/personne). A l’ombre d’un parasol, les doigts de pieds dans le sable blanc, face à une mer superbe, nous mangeons des cocos fraîchement cueillies et découpées par de jeunes cubains. Un coup de main à saluer. Premier passage on vous propose la coco, 2 eme passage on vous apporte la coco que l’on a cueillie pour vous en deux coups de machettes, et en un tour de main supplémentaire, vous avez une paille pour le jus et du rhum si nécessaire. Au 3 eme passage, on ouvre la coco pour vous permettre d’en manger la douce chair et on récupère les déchets. Pizzas à 1 CUC et rafraîchissements possibles. On circule sur la plage, et vous en disposez quand vous voulez. Petit bémol: vous n’êtes pas les seuls ici, l’endroit est peuplé de touristes, mais calme tout de même. Avisés que nous sommes, nous partons avant l’arrivée des jejenes (mouches de sable carnivores) qui débarquent à la tombée du jour.

Chez la voisine,  rencontre et discussion avec trois grenoblois. Nous découvrons, stupéfaits, qu’au même embranchement de l’autoroute à la Havane (sortie en arrivant de l’ouest) un prétendu professeur a voulu les aider à trouver la sortie vers l’Est. En chemin, il a montré son école et devinez quoi, une fois arrivé à destination, il a demandé qu’on lui paie le taxi du retour! Ils n'ont pas échappé au vol non plus.



Nouvelle promenade dans Trinidad. Ici on se tord les pieds sur les pavés inégaux et encore plus la nuit, quand les rues sont mal éclairées. Repas chez Lyzie : poulet créole. Une bonne sieste, et nous décidons, ce soir, de ne pas rater la Casa de la Musica, qui fait la réputation des soirées à Trinidad: danses traditionnelles, musiques afro-cubaines, entre spectacle et café concert. Ceux qui ne dansent pas sous les feux des projecteurs, sont assis sur les marches à siroter des rhums et des pina colada. On parle, on chante, on danse, on pince les fesses des filles, on regarde ébahis les couples d’une danse pratiquer la salsa comme si ils se connaisaient depuis dix ans. Les hommes suent, les femmes virevoltent, on est habillé, maquillé, pomponé pour le soir. Nous, on est en tongs et en short, comme nos homonymes qui prennent des photos. Et dos mojitos ! Retour à la casa sans danser, mais avec le rythme dans la tête. Il est minuit et demi. Ce sera notre record à Cuba.


Samedi 26 Novembre

Villa Las Brujas- Cayo Las Brujas- Tel: 35-00-23 ou 35-01-99- 75 CUC la nuit pour deux personnes. Hors repas.


Petit déjeuner à la casa, passage à la poste et à la banque. Impossible de trouver le Granma (journal local). La veille, le mari de Lyzie nous annonçait avoir entendu aux informations que les Etats-Unis envahissaient la Syrie ! Refaire les valises. Saluer Lyzie et sa maman qui nous préparent un éventail de monnaie cubaine en souvenir (CUC et pesos) Récupérer la voiture chez la voisine. 




Nous partons pour Cayo Santa Maria. Premier arrêt : Sancti Spiritus. Située au cœur de l’île,cette ville possède le stade José Antonio Huelga, enceinte de 15 000 places assises, où les Gallos de Sancti Spiritus, équipe de base ball,  dispute ses matchs à domicile.  Au travers des barreaux du grand stade, on regarde les joueurs qui s’entraînent. 



 


Sur la route, les hommes vendent dindes, fromages et aulx. Deuxième arrêt : Santa Clara, la ville du Che. Arrêt sur la célèbre Plaza de la Revolucion, où s’élève la statue du Che, mémorial érigé pour le vingtième anniversaire de la mort du révolutionnaire. Aux pieds de la statue le mausolée, dédié au martyrs de la révolution, rappelle le combat qui leur a coûté la vie. La dépouille du Che aurait été rapatriée ici en 1997,  mais une polémique perdure sur l’origine des ossements. 






Passage dans la rue piétonne peu photogénique. Arrêt à la pizzeria « Pullman » , indiquée dans le guide comme un lieu où les repas sont payables en pesos. Mauvaise surprise : WC très sales et pizzas pas cuites. Autre moment de doute quand la note arrive en CUC, malgré les tarifs indiqués en pesos cubains sur la carte. Si si … on vous arnaque correctement, vous payez le prix d’une pizza en France ou presque (équivalent 8 euros). Vociférer n’y changera rien, de toute façon la dame n’a pas le temps, et en sus le menu en pesos a disparu.





De retour à la voiture , malgré notre demande express de ne pas la laver ni la surveiller, nous la retrouvons briquée. L’homme attend à côté qu’on lui verse son argent. Nous sommes à nouveau mués en CUC machine! Le ton monte et nous partons sans laisser quoi que ce soit. En sus, la visite de la fabrique de cigares est compromise car le lieu est fermé le samedi. Nous tentons une escale réparatrice au « Coppoelia », temple de la glace.
Le lieu est bondé, une file d’attente impressionnante fait le tour du bâtiment. Ceci donne droit à un ticket, et il faut ensuite refaire la queue pour choisir sa gourmandise. Notre patience s’arrête ici. Quatre heures de route jusqu'à  l'îlot de Santa Maria, depuis peu relié à l'île principale de Cuba par un pont de 48 km. Une fois passée la barrière, et payé les 2 CUC, une route pourvue de 45 ponts, passerelle flottante entre terre et mer, s’offre à vous. Sublime pour l’amateur de paysages inattendus, désastreuse pour l’écosystème. 

   

« Villa Las Brujas » prend place dans ce décor paradisiaque et offre en hébergement des bungalows tout confort permettant de passer quelques journées loin du monde, dans l'un des sites cubains parmi les plus vierges et les plus beaux. » Sur les commentaires enjoués de nombreux voyageurs, nous tournons donc avant l’aéroport local à gauche, et nous arrivons à l’hôtel. A notre grande surprise l’accueil est désobligeant. On nous tend une clef, sans même nous indiquer le chemin. L’intérieur du bungalow, tout en bois, est superbe. Une baie vitrée donne sur la plage, mais elle est tellement recouverte de sel que la mer semble floue. La plage, en cette journée venteuse de basse saison, n’est pas à l’image de ce qu’elle prétend l’été. Monticules d’algues qu’il nous faut traverser pour accéder à un sol sale : débris de toutes sortes, et pas seulement ceux rapportés par la mer. Où est le personnel de cet hôtel ? Les transats sont brisés et les déchets nombreux.  Nous nous promenons sur la plage. Nous tentons une escapade en voiture afin d’explorer les alentours et ne pas passer une seconde nuit ici. Nous trouvons là, devant la barrière, assis en réunion, tout le personnel. Nous repérons un hôtel plus loin, all inclusive, mais qui, en comparaison de celui-ci, offre amabilité et propreté. Nous rentrons à la Brujas. Le repas, par la gentillesse des serveurs, égaye notre escale. Dans la nuit, nous parvenons mal à notre bungalow qui doit être l’un des rares sans éclairage extérieur. Mal entretenue, la barrière a cédé, et le côté gauche du bungalow nous envoie tout droit dans le décor.





Cayo Las Brujas doit son nom à une légende populaire qui raconte l’idylle d’un jeune couple, frustrée par un oncle jaloux. Ils avaient pour habitude de se retrouver à la nuit tombée. Hors, un jour de tempête, la jeune fille ne vint pas au rendez-vous. On ne la revit jamais plus. L'homme désespéré la chercha en vain, et fou de douleur tomba dans l'alcoolisme, donnant aussi le nom d’une île voisine « Cayo Borracho » (l'ilôt de l’homme ivre).








Dimanche 27 Novembre

Hotel Melia Cayo Santa Maria Playa de Cayo Santa María- Caibarién, Villa Clara, Cuba-Tel: 53 42 350 20
Tarif: 380 CUC les deux nuits pour deux personnes en all inclusive 


Promenade dans l’ilôt. Sa grande plage de sable blanc, ses eaux cristallines turquoises, sa végétation exubérante et la richesse de sa faune prêtent au lieu un air de paradis.











 





Nous sommes décidés à partir de l'hôtel Villa Las brujas, et conduisons jusqu’à l’hôtel vu la veille. La résidence Meliá Cayo Santa María, à régime forfaitaire, s'étend sur 12 hectares, le long de 400 mètres de plage. Visite guidée des lieux par un personnel souriant : un hall immense, une plage avec activités incluses dans le forfait, une piscine avec bar, de nombreux restaurants, un spa, une discothèque, des bungalows face à la piscine et d’autres plus proches de la mer; le tout au cœur d’une nature tropicale. Les arbres du complexe sont issus de la flore d’origine, végétation verdoyante où se cachent lézards, et oiseaux locaux. La chambre immense que l’on nous fait visiter est lumineuse,  pourvue d’une salle de bains avec baignoire, d’un mini bar libre service et d’une climatisation silencieuse. Rencontre d’un touriste canadien fort sympathique qui cherche la plage. Ils sont nombreux, à ne voir Cuba qu'avec un bracelet en plastique au poignet. Nous sommes contents d’avoir changé de lieu, mais au terme de deux jours, nous commencerons à trouver toute cette mascarade plus ennuyeuse que comique.



Nous prenons la voiture en fin de journée pour tenter de visiter la presqu'île jusqu’au bout. Nous tombons sur un village désertique, étonnant d’immensité. Un complexe qui doit tourner à plein régime l’été mais qui, l’hiver, n’accueille absolument personne. On se croirait dans un western, avant le duel des cowboys. Bétonnage de masse, ce village administré par Gaviota Grupo a été inauguré le 12 décembre 2009. On trouve donc, au beau milieu d’un ilot perdu : club de gym, coiffeur, spa, glacier, bowling, discotheque, banque, poste, golf, location de voiture, bars, restaurants et autres commodités. Malgré la basse saison, arrivent toutes les demi-heures des bus vides, comme si de rien était. Un touriste ou deux en descend de temps à autre, prend une photo et repart. Nous trouvons un « marché  artisanal », les vendeurs remballent. Je leur demande « Que faites vous là ? Il n’y a personne ici ? » Elle répond aimablement que, dans la journée, les touristes viennent ici en nombre, et tente de me vanter les mérites du complexe. C’est ainsi... des constructions entières et des vendeurs de pacotille, attendent comme des marionnettes inanimées que la main du touriste leur rende la vie. Doit-on en conclure, si tout cela a été construit, qu'il suffise de quelques jours d’occupation pour rentabiliser le lieu à l’année? Quelle tristesse pour la nature, en cet espace classé "réserve de la biosphère". 





Lundi 28 Novembre

Hotel Melia Cayo Santa Maria Playa de Cayo Santa María- Caibarién, Villa Clara, Cuba-Tel: 53 42 350 20
Tarif: 380 CUC les deux nuits pour deux personnes en all inclusive


Nous profitons de la plage, mer turquoise et sable blanc. Un tour en catamaran, et un en pédalo. L’occasion d’apprendre qu’ici les fonds marins n’offrent pas grand chose à voir aux plongeurs, en comparaison aux autres sites. Nous regrettons de ne pas avoir plongé à Playa Larga. Farniente-piscine-au-bar-les-pieds-dans-l’eau. Nous participons même à un jeu organisé par les animateurs de l’hôtel qui consiste à courir sur un boudin flottant le plus loin possible. Qui l’eut cru!Pas moi en tous cas!




Nous retournons à l’étrange complexe où n’évolue âme qui vive. La route aux 45 ponts est splendide à la nuit tombée. Des pêcheurs et un héron nous offrent un moment photogénique. A l’apéritif, une voiture dégaze une fumée étouffante. Nous n’avions pas remarqué qu’aucun moustique ne nous piquait au complexe. Une vision d’horreur et un questionnement soudain : ce gaz ne tue-il que les moustiques ? Nous mangerons au buffet de l’hôtel, comme la veille. 


Club construit en 2009 par Gaviota Grupo, désert




Mardi 29 Novembre

Hotel Pullman, 1era av y calle 49- Tel 61-27-02 - recepcion@demares.hor.tur.cu- Tarif: 55 CUC la nuit pour deux personnes petit déjeuner inclus.






Profiter une dernière fois de la plage superbe de l’hotel. Le ciel se couvre. Comme si le moment de partir s’annonçait. Des escadrons de pélicans traversent ce paysage que le temps incertain rend plus authentique. 







Nous reprenons la longue route qui nous mène à Varadero, station balnéaire populaire de la province de Matanzas. On dit qu’il s’agit d’une des plus belles plages de l'île. Malgré la basse saison, nous trouvons tous les hôtels bondés et hors de prix. Nous faisons finalement escale au Pullman, hôtel à l’architecture originale mais sans charme aucun, auquel il reste une chambre de libre. Un grand bazar commence alors : se rendre à l’hôtel qui nous renvoie à l’accueil (à quelques rues de là), nous prenons les clefs et visitons la chambre. Elle est minuscule, ultra bruyante car elle donne sur la rue, et la clim fait un bruit infernal. Nous n’avons aucun autre choix, au vu de l’heure avancée. Nous décidons de prendre la chambre. Il nous faut donc retourner à l’accueil, payer la chambre, puis revnir au Pullman pour poser les bagages. Nous découvrons une plage balayée par les vents, une ville bétonnée sans rien de typique. Les restaurants proposent la même cuisine, les échoppes des articles identiques. Que viennent faire ici les touristes qui passent quinze jours, et comment peuvent-ils dirent qu’ils ont vu « Cuba »? Nous dinons au Rancho, où, comme partout ici, on vous propose la meilleure langouste de l'île. Accueil un tantinet guindé, mais allez-y pour les groupes qui s'y produisent le soir. Ils chantent de table en table, rien que pour vous. Nous passerons l’une des pires nuits de notre séjour : un bruit ambiant prégnant et incessant (route et climatisation), et en sus nous n’aurons pas d’eau chaude.



Jeudi 30 Novembre





Hotel Villa Tropico Gran Caribe, playa Jibacoa, Km 60, Via Blanca- 29-52-05/13- reserva@clubtropico.co.cu Chambre numéro 9, bungalow pour deux personnes, tarif basse saison.

Photo de droite, l'Hôtel Pullman



Le petit déjeuner, inclus dans la formule, est à l’image de la veille : catastrophique. Nous nous mettons à table, et remarquons que le restaurant est bondé, mais que personne n’est servi. Une foule de gens attend, assise sur des chaises en terrasse. Les serveurs circulent mais ne disent mot. Suite à plusieurs tentatives d'interrogatoires subies par le personnel, nous apprenons qu’il n’y a plus d’eau et que le petit déjeuner sera servi quand la denrée arrivera. Balade sur la plage que le ciel de cendre rend superbe. Mer écumeuse devant laquelle se promène un couple isolé, tandis qu’on s’affaire déjà à nettoyer le sable. Nous finissons par manger, une heure plus tard, un petit déjeuner insipide qui nous laisse un gout de colère sur les lèvres , mais qu’importe! Notre faim est assouvie. Le mauvais temps,  les fils électriques qui pendent de partout, et les façades grisonnantes confèrent à Varadero, ce matin, une étrange beauté déglinguée. 






Nous rendons la clef et partons pour Jibacoa, ultime escale avant la Havane. Après s'être égarés malgré les indications, nous arrivons à l’hôtel Villa Gran Caribe, au cœur d'une végétation généreuse parsemée de hauts palmiers. Votre bungalow est situé dans ce cadre de rêve en bord de mer ! Petit bémol, une centaine d'autres, tous identiques, sont disséminés sur le site. 







Accueil pas extra ce jour-là, et temps mitigé. Nous profitons encore des cocotiers et des oiseaux, de la couleur de l'eau même si on ne se baigne pas. Atmosphère morose du bout du monde. Nous tuons le temps en buvant d' excellents cafés espagnols préparés par le barman. Laurent casse une noix de coco. Et la coco casse son couteau. Nature hostile aujourd'hui ;-) Ici, deux hôtels se partagent la plage, et chaque hôtel a son vigile, au cas où vous essayeriez de profiter des deux à la fois!

Une balade sur la plage à la tombée de la nuit. Nous trouvons sur le sol, échouées, des dizaines de bestioles étranges. Je me permets de rentrer dans le détail car cela vaut le détour. Ce sont des siphonophores marins, c'est-à-dire une colonie comportant quatre types de polypes, soutenue en surface par un flotteur de 10 à 20 cm. Malgré les apparences, ce ne sont donc pas des sortes de méduses mais des Physalies appelées "vaisseaux portugais". Elles vivent en colonies dans les profondeurs abyssales et peuvent atteindre une quarantaine de mètres de long. Ne vous fiez pas à ses jolies couleurs, cet animal est connu pour les brûlures graves et les risques de noyade par état de choc qu’il inflige aux baigneurs des mers tropicales.



Le bout de la jetée est une décharge à ciel ouvert. Caché dans une cabane à peine imaginable, un homme tente de nous vendre de la langouste. Quelques clichés, un cocktail, un repas décevant au buffet mais un accueil sympa, et une chasse aux crabes qui s'enterrent dans des trous sous le gazon.









Vendredi 1er décembre


Hotel Beltran de Santa Cruz, Ignacio entre  Muralla y Sol, Havana Vieja, La Havane  860-83-30- 130 CUC la nuit pour deux personnes réservée depuis la France

 
Retour à la havane sans encombre. Nous faisons escale au Beltran. On peut lire sur les forums autant de critiques négatives que de louanges au sujet de cet hotel, dont le confort se joue apparemment au poker. Surbooking, inamabilité du personnel, télévision à tue tete, chambres sombres et salles d'eau insalubres pour certains. Pour nous comme pour d'autres, une très agréable surprise. A cinquante mètres de la Plaza Vieja, l'édifice possède des chambres disposées autour d' un patio charmant où dégoulinent les plantes vertes. L'accueil est très chaleureux, à tel point que nos bagages seront gardés le lendemain et le taxi réservé sans frais supplémentaires. Notre chambre est immense. Véritable suite junior alors que nous avions réservé une chambre classique, nous disposons d'un balcon ouvert sur les rues de la Havane, d'un lit immense, et d'une antichambre habillée d'un beau mobilier rustique, le tout sous les toits avec cinq à six metres sous plafond et charpente en bois. La plus grande et la plus belle chambre de notre séjour. 



Nous faisons un détour par Parque Central pour rendre la voiture. Malgré le vol du tapis de sol, la compagnie de location reste très courtoise. Rien ne sera prélevé sur notre caution. Une bonne pizza payée en pesos dans un bouboui en marge de la Plaza Vieja. Pour la troisième fois dans notre séjour, nous ne visiterons pas une fabrique de cigares. La casa Partagas est fermée pour raison inconnue. Nous pouvons tout juste circuler dans le minuscule espace de vente bondé de monde. Diner à la Taverna de la Muralla qui sert de la langouste à un prix raisonnable (13 cuc). En revanche, nous serons déçus le lendemain de constater que l'on nous refuse le service d'un hamburger en prétextant qu'il n'en reste plus, alors que des tablées entières de cubains en dévorent autour de nous.



Samedi 2 décembre


Refaire les valises soigneusement en séparant bien les liquides des bagages à main. Des coquillages dans les chaussettes, des oursins dans les housses d'appareils photo, des bouteilles de rhums enveloppées dans des serviettes; on s’assoit sur les bagages, des souvenirs plein la tête. Nous laissons les sacs au Beltran le temps d'un au-revoir à la Havane. Comme on aimerait remonter le temps, et rester ici encore un peu! Quelques jours pour sentir l'odeur des rues de la capitale et flâner en voyant défiler les grosses cylindrées. Nous visitons le magnifique musée de la céramique, immense bâtiment à étages ouverts sur un patio. On passe apparemment  à la Bodeguita del Medio, bar mythique, par curiosité, envie, ou dépit. Nous y arriverons, quant à nous, totalement au hasard de nos pérégrinations. Le lieu est envahi de couleurs, de graffitis, de touristes et d'anecdotes;  réputation faite par Hemingway qui prononça un jour cette phrase restée célèbre "Mon mojito à la Bodeguita del Medio, mon daïquiri au Floridita". Le soir le lieu est habité par les notes enjouées de musiciens cubains.


www.andreaaubert.fr- contact@andreaaubert.fr

On déambule ensuite jusqu'au Paseo Marti, ses façades décrépies, ses bancs de pierre et ses façades art déco. A l'origine, cette rue était réservée aux très riches cubains de la belle époque. Aujourd'hui, on s'y donne rendez vous pour échanger sa maison contre celle d'un autre. Rappelons que les cubains viennent tout juste d'obtenir le droit de propriété qui les autorise, à présent, à vendre et acheter un bien. Faute de quoi, il fallait bien trouver une solution pour déménager.

















Il pleut à verse. Nous optons pour un tour en taxi vélo "bici". Le chauffeur possède une culture digne d'un guide officiel. Entourés d'anecdotes, les fesses confortablement assises sur le siège de son taxi, nous voyageons entre passé, présent, monuments, personnalités, politique, histoire, géographie, culture, société; comme si nous saluions chaque pierre de chaque rue tandis que tombe la pluie. Un Cuba autrement ce jour là, dans les rues touristiques, et celles, plus tristes, que l'on ne voit pas.






Nous continuons à pieds, en glissant sur les pavés, jusqu'à la Plaza Vieja, pittoresque place entourée de monuments. La fontaine aux Lions, réalisée par Giuseppe Gaggini en 1836  mettra plus d'un siècle, voyageant entre places et boulevards, avant de se retrouver au centre de la Plaza Vieja. Nous mangeons au Café de la Muralla, où se produit un super orchestre de vieux musiciens, aux allures du Buena Vista Social Club. Un cappuccino excellent au café de l'angle sur la Plaza.  




Nous visitons aussi l'atelier de Léo D'Lazaro, artiste pluridisciplinaire qui compte nombreuses cordes à son arc: photographe, dessinateur, peinture, sculpteur et performer. Il habille plus de quinze monuments à Cuba et à l’étranger, a réalisé des scénographiques pour des concerts et des pièces de théâtre, se trouve dans des musées et institutions à l'international. Nous avons eu la chance de le voir s'entrainer, comme un sportif, à l'étage de son atelier. Véritable musée à lui tout seul, ce lieu vaut vraiment le détour, d'autant qu'il est présenté avec engouement par les membres du collectif.


Achats coupables de dernière minute, un ultime mojito au bar du Beltran, et déjà le taxi nous attend devant le portail immense. Arrivés tout en lenteur à la Havane, nous en repartirons en trombes avec un pilote digne d'un circuit de formule un.  A chaque visiteur ses impressions et ses émotions, changeantes au jour le jour. Mon Cuba ne sera certainement pas le votre. Je vous souhaite de découvrir cette île par vous-même.


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Andréa AUBERT